Un jeune garçon dans une rue de Kampala, Ouganda
Le jeune Farouk était un des cas les plus difficiles. Le fait qu’il n’ait jamais connu sa mère l’avait profondément marqué. Complètement renfermé, il se couvrait le visage avec sa casquette pendant les sessions de formation. Aujourd’hui, il est méconnaissable : plein de confiance, il vend de la nourriture dans un stand de fortune qu’il a bricolé lui-même. Il incarne un des succès les plus encourageants découlant du travail de la Société biblique ougandaise dans le cadre du programme de sensibilisation au VIH/sida Où est le Bon Samaritain aujourd’hui ?
Le programme du Bon Samaritain est un élément clé du ministère de la Société biblique depuis 2004. Couvrant le centre, l’est et le nord du pays, il repose sur l’organisation d’ateliers et de séminaires, sur la création de partenariats avec des Eglises et des organisations chrétiennes, et sur la distribution des matériels composant le kit du Bon Samaritain. Dans toute la mesure du possible, il enrôle des personnes vivant elles-mêmes avec le VIH ou le sida – celles donc qui sont le mieux à même de comprendre le public visé par le programme – pour organiser et mettre en œuvre les différentes interventions.
Selon UNAIDS, l’Ouganda comptait quelque 1,2 million d’orphelins du sida en 2009. Nombreux sont ceux dont l’histoire ressemble à celle de Farouk marquée, entre autres difficultés, par la pauvreté, la discrimination, une santé déficiente et un accès limité à l’éducation. On comprend aisément alors que la Société biblique fasse des orphelins et des autres jeunes vulnérables une des cibles privilégiées pour ses efforts dans le cadre du Bon Samaritain. En effet, elle a été une des premières à développer des matériels spécifiques pour Orphelins et enfants vulnérables (OVC) pour le compte de toutes les Sociétés bibliques conduisant le programme du Bon Samaritain et de leurs partenaires. Lancé lors d’un atelier d’évaluation du programme du Bon Samaritain en mars, le kit OVC comprend un manuel de formation sur les compétences de vie pour les enfants grandissant sans autorité parentale, des panneaux colorés en lien avec chaque chapitre du manuel et un cahier d’exercices encourageant les enfants à réagir ouvertement et librement aux sessions de formation.
Deux enfants sur la route entre Lugazi et Busabaga. Un couteau à la main, la fillette porte un sac lourd sur la tête.
Le changement stupéfiant dans la vie de Farouk est loin d’être le seul exemple du succès des interventions centrées sur les enfants dans le cadre du ministère VIH/sida en Ouganda. Beaucoup d’enfants touchés par des initiatives basées sur les communautés et mises en place par le programme du Bon Samaritain sont devenus bien plus réceptifs et sociables, selon la Société biblique. Autrefois solitaires et renfermés, ils interagissent désormais librement avec les autres et manifestent, comme Farouk, des signes montrant qu’ils prennent eux-mêmes l’initiative d’améliorer leur situation.
Des jumeaux orphelins
Amélioration du niveau d’alphabétisation
L’amélioration du niveau d’alphabétisation est un autre résultat positif des sessions de formation du Bon Samaritain. Comme beaucoup de participants sont empêchés d’aller à l’école par la pauvreté ou la maladie, ou évitent l’école par crainte de stigmatisation, le besoin de matériels adaptés à leurs capacités est immense. En plus des matériels composant le kit OVC, des bandes dessinées bibliques et des livrets pour lecteurs débutants servent un double but : celui d’encourager les enfants à améliorer leur niveau d’alphabétisation et celui de leur faire connaître des personnages bibliques modèles. Les enfants sont très fiers d’avoir leur propre matériel et poursuivent souvent le travail chez eux, ce qui a pour effet de transmettre l’enseignement à d’autres encore. Là où d’autres méthodes d’enseignement sont nécessaires, le théâtre s’est révélé très efficace, tout particulièrement en rapport avec des héros de la Bible qui sont vainqueurs de l’adversité.
Rendre les enfants autonomes
Beaucoup a déjà été fait, mais la Société biblique sait qu’elle ne peut pas se permettre de ralentir ce ministère. Le nombre des enfants qui sont obligés de prendre en charge leurs frères et sœurs continue d’augmenter, il y a toujours des enfants qui sont forcés à des comportements sexuels à risque, dans les zones reculées il reste beaucoup de personnes qui n’ont encore été atteintes par aucune initiative du Bon Samaritain, et beaucoup vivent toujours avec le virus du VIH sans bénéficier de soins médicaux adéquats.
Mme Raen a une conscience aiguë de l’ampleur du défi, et des idées précises sur la manière dont les Sociétés bibliques doivent continuer à s’efforcer d’y répondre.
« Nous devons rendre autonomes les enfants, les accompagnateurs et les responsables des communautés locales pour qu’ils saisissent leur responsabilité et qu’ils rétablissent l’initiative et l’espérance, déclare-t-elle. Et surtout, tout doit se faire de manière holistique, reposer sur le travail avec les partenaires locaux et sur l’évaluation de l’arrière-plan et des besoins de chaque enfant. Ainsi, les enfants apprendront à se connaître, développeront le respect de soi et disposeront des connaissances élémentaires leur permettant de se protéger et de se fortifier. »